Ce mardi 13 janvier fut placé sous le signe des rencontres ; rencontres avec des enseignants et des étudiants de FLE ; rencontres dont le but était d’éprouver la viabilité de la problématique de mon mémoire, de tâter du terrain et d’enrichir mon champ réflexif ; rencontres ayant eu lieu au 46, rue Saint-Jacques, dans les locaux alloués par la Sorbonne au département de didactique du FLE de Paris 3.
En préambule, je rencontrais Anne Godard, enseignante spécialisée dans l’enseignement de la littérature en FLE, et dont j’avais suivi les séminaires en M1. Anne Godard s’intéresse notamment au plurilinguisme présent dans les littératures francophones et anime un atelier d’écriture littéraire avec une classe du DUEF (Diplôme Universitaire d’Études Françaises) comprenant des étudiants non francophones – atelier que j’allais suivre juste après cette première rencontre. Je lui présentai ainsi mon mémoire, sa problématique, ses thématiques et sa dynamique, confrontant ainsi mes idées à une actrice au fait d’un certain nombre de questions au cœur de mes interrogations, comme la littérature en FLE et les ateliers d’écriture plurilingue. Cette discussion m’a permis de relever des faiblesses dans mon travail, sur des points que je croyais clairs mais qui apparemment ne l’étaient pas ; ce type d’échange rend évident le besoin d’une diversité de regards pour mieux avancer dans la rédaction du mémoire.
J’assistais donc ensuite au cours qu’elle donne le mardi, dont l’intitulé est « Langue et littérature au 20ème siècle » et dont le texte qui l’introduit (dans la brochure du DUEF) est celui-ci :
La littérature d’expression française, depuis le milieu du XXe siècle, s’est enrichie des apports d’écrivains de divers langues maternelles et d’horizons culturels très divers. Nous proposons dans ce cours d’explorer diverses facettes de l’expérience langagière de ces écrivains plurilingues et pluriculturels à travers des extraits de leurs œuvres. Notre objectif sera également de développer, par diverses activités d’écriture, la conscience linguistique ainsi que l’appropriation du français comme moyen d’expression, de réflexion et de création. Evaluation : Travaux d’écriture à chaque séance.
D’assister à ce cours m’a permis de me rendre compte de la réalité d’un atelier d’écriture en FLE, surtout concernant deux aspects présents dans mon travail de recherche : le lien entre littérature et écrit d’une part et l’écriture plurilingue d’autre part. Les textes étudiés étaient ceux de Jean Tardieu et d’Henri Michaux et les activités avaient notamment pour but de prouver aux étudiants que le manque de vocabulaire n’est pas un frein à la compréhension d’un texte. En effet, dans D’un mot à l’autre, Tardieu a remplacé certains mots par des mots inventés. Aux étudiants de comprendre le sens grâce au contexte, comme le paraverbal (intonations, rythme…) ou le retour de certains mots ! Une autre activité consistait à imiter Tardieu et à remplacer ses choix par un lexique inventé ayant la sonorité du français, puis la sonorité de la langue de l’apprenant. D’observer la manière d’enseigner, la dynamique du cours ou la participation des étudiants étaient aussi riche d’enseignement, tout comme l’idée maîtresse de savoir justifier ses propositions d’écriture.
La dernière rencontre se fit avec Simon Coffey, professeur du King’s College de Londres, invité par notre département. Le séminaire qu’il anime les mardis après-midi n’ont pas un rapport direct avec mon mémoire mais donnent l’occasion d’entendre une voix différente sur l’enseignement du FLE, en l’occurrence celle d’un anglo-saxon. Ce jour-là, justement, nous étions en vidéo-conférence avec des étudiants de Master de Français équivalent « MEEF », et avons pu ainsi échanger sur les différences entre leurs pratiques de classe et les notres. Parmi les différences, nous avons constaté l’absence d’approche actionnelle là-bas, ou le fait que des objectifs à atteindre sont définis (et écrits au tableau) en début de chaque cours. Par ailleurs, les témoignages recueillis permettaient de remarquer l’importance du ludique dans leur enseignement et aussi la présence de la littérature. Ces observations m’ont montré l’attrait que le jeu exerce auprès des apprenants, et l’intérêt de l’articuler avec d’autres matières, telles la littérature et l’écriture. Mon mémoire ayant justement comme dessein d’amener l’apprenant vers une écriture littéraire, les possibilités qu’offre le jeu seront ainsi explorées comme moyen de l’y entraîner.
Cette journée aura été riche en rencontres, rencontres que mon mémoire devra restituer et resituer. En effet, ce travail de rédaction et de recherche doit rendre compte des différentes pistes explorées, des changements de direction, de l’évolution de ma réflexion, et rendre à César ce qui lui appartient, en d’autres termes de rendre hommage à tous ceux qui m’auront permis de mener à bien mon projet.
Bibliographie
Tardieu, J. (1951). Un mot pour un autre. Paris. N.R.F.