Un étudiant en master de recherche sollicite un rendez-vous à son directeur de mémoire à propos de son sujet. Le professeur l’accepte volontiers, mais (un « mais » inévitable) sous la condition de lui proposer tout d’abord quelque chose par écrit. Il a tout à fait raison – cela lui permettra de réagir et d’avancer la réflexion de l’étudiant. L’étudiant ne s’attarde pas et fait soigneusement le résumé de son sujet. Piquer la curiosité et l’intérêt, être assez original. En fait, donner envie au professeur de suivre un masterant tout au long d’un pèlerinage – la rédaction du mémoire. Bref, il lui envoie sa proposition. Pas de réponse toute la journée. Gentille madame Panique frappe à la porte. « Allez, entrez ! » Ces situations sont inimaginables sans vous…
Finalement ! La réponse ! Non, encore pire… L’étudiant est saisi par l’angoisse. Presque paralysé.
Voix de panique : « Je l’ouvre ou pas ? Et si la réponse est négative ? Si ça ne lui plaît pas ? Qu’est-ce que je ferai ?»
Voix apaisante : « Tout d’abord, calme-toi ! Un directeur de mémoire est toujours là pour les étudiants comme toi. Il va t’orienter et te remettre sur le bon chemin. Mais, tu as fait quand-même un effort énorme… »
Voix de panique : « Oui, je l’ai fait, c’est vrai. Mais, en ce moment, ça ne dit rien. »
Voix apaisante : « Allez, ouvre-le, qu’est-ce que tu attends ? »
Voix de panique : « Franchement, je m’attends à une bonne nouvelle, mais je le redoute à la fois. »
Voix apaisante : « Ce n’est pas la première fois que tu reçois un courriel important, n’est-ce pas Madame Crainte? Allez, ouvre-le ! »
L’étudiant ferme les yeux, respire profondément et clique vite. Enfin, ce n’était pas tellement difficile.
« Cher étudiant,
Votre sujet m’intéresse. Le rendez-vous – dimanche, 19 h au Musée de l’art.
Bonne soirée
TD »
« Uuuhhhh, quel soulagement ! Ça y est ! », poussa un cri de joie la Voix de panique.
Voix apaisante : « Le rendez-vous au musée ??? Quel prof bizarre ? Tu t’y connais en art ? Tu es prêt d’en discuter ? Au moins, tu es au courant de l’exposition actuelle ?»
Voix de panique : « Ooooohhh, noooon, tu sais déjà que je ne suis pas accro à l’art. Attends, tout d’abord le mémoire. J’ai l’impression que mon sujet est encore flou… Je vais commencer par où ?
Le cœur commence à battre fort. On a oublié Gentille madame Panique… Elle attend avec patience son tour.
Voix apaisante : « Arrête de paniquer tout le temps ! Gentille Madame Panique, merci de nous avoir rendu visite. Il est temps que vous partiez. Au revoir ! À la prochaine ! »
Voix de panique : « En fait, je ne suis pas sûr si mon sujet est pertinent… J’ai fait une hypothèse en m’appuyant sur mon expérience. Et si cette hypothèse n’est pas valable à tout le contexte… ? »
Voix apaisante : « Oh là là là… Quel délire ! Allez, raisonne un peu ! C’est le but de mémoire, de vérifier et de confirmer ou pas l’hypothèse. Il faut commencer d’abord par ce que tu connais déjà et puis aller plus loin. C’est une vraie recherche. Tu as un point d’ancrage, tu vas le creuser. Si tu connais le résultat à l’avance, quel serait l’intérêt de recherche ? »
Voix de panique : « Tu as raison… Cela nous incite en même temps à avancer notre réflexion et d’écouter tous les acteurs impliqués dans notre recherche. »
Voix apaisante : « Tout à fait ! »
Voix de panique : « Et la problématique ? Il me semble qu’elle ne soit pas assez développée… »
Voix apaisante : « Il faut se lancer dans la lecture d’avantage. De cette manière, la problématique sera plus affinée. L’approfondissement des lectures ouvre de nouvelles pistes au fil de la recherche. »
Voix de panique : « Je commence à être rassurée… Mais pas absolument… Se lancer dans la lecture, ça paraît logique quand-même. Le problème c’est que je n’ai pas réussi à constituer une bibliographie solide… C’est un sujet qui n’est pas trop exploité surtout dans mon contexte. »
Voix apaisante : « Je t’attendais là… Premièrement, ton directeur va te proposer des ouvrages incontournables à lire. Il est un expert dans son domaine. Deuxièment, les nouvelles pistes de lectures s’ouvriront dès que tu auras commencé à creuser et à lire. »
Voix de panique : « Bref, tu veux dire qu’il ne faut pas s’attarder un instant et qu’il faut entamer le plutôt possible le travail sur le mémoire ? »
Voix apaisante : « À mon sens, exactement ! En plus, tu as déjà oublié les conseils du prof de méthodologie ? »
Voix de panique : « Il faut commencer la rédaction du mémoire, de son squelette, de ses titres et sous-titres dès maintenant ! »
Voix apaisante : « Ben, voilà ! Ce qui te reste, c’est de discuter avec ton directeur dimanche. Il va te donner de nouvelles pistes. N’oublie pas que le rendez-vous est au musée, pas à la fac. J’espère que cette discussion ne tournera pas vers l’art ! Sinon, Gentille madame Panique va revenir… Et sans stress s’il te plaît ! En tout cas, je serai là aussi, au cas où. Heureusement… Pour te clamer. »
Voix de panique : « Eeet les enquêtes ?
Cette question de la Voix de panique est restée en l’air. La voix apaisante est déjà partie.
L’étudiant a respiré profondément de nouveau. Encouragé, il attendait le rendez-vous avec son directeur au Musée de l’art.