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Eux c’est nous*

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Page de couverture du livre "Eux c'est nous" publié par Les éditeurs jeunesse avec les réfugiés.
Page de couverture du livre “Eux c’est nous” publié par Les éditeurs jeunesse avec les réfugiés.

« Eux c’est nous venus de loin pour un monde meilleur,

Eux c’est nous fuyant la guerre et la misère

Eux c’est nous cherchant refuge

Eux c’est nous partant en désespoir

Eux c’est nous arrivant équipés d’espoir

Eux c’est nous en crise économique

Eux c’est nous l’argumentation des politiques

Eux c’est nous risquant leurs vies

Eux c’est nous essayant de sauver leurs familles

Eux c’est nous sans maison et sans patrie

Eux c’est nous demandant l’asile

Eux c’est nous vivant un cauchemar

Eux c’est nous  attendant la lumière du phare

Eux c’est moi et toi

Parce qu’eux ce sont des êtres humains.»

Mon petit poème est inspiré du titre de ce livre que les bénévoles enseignants de la Cimade (à Massy) m’avaient présenté à la réunion mensuelle des bénévoles.

Association La Cimade avec le logo "L'humanité passe par l'autre". Image trouvée sur Google Images.
Logo de l’association La Cimade. Image trouvée sur Google Images.

Crise de réfugiés, crise des immigrants et bientôt crise des immigrants climatiques. Il suffit de regarder le journal télévisé ou de feuilleter Le Monde ou n’importe quel autre journal pour comprendre que depuis quelques mois cette immigration est une réalité. Dure pour les deux cotés. Nous pour les accepter et eux pour être acceptés.

Août 2015, je me souviens, en Russie je regardais le journal télévisé avec mon père. Immigration, l’Europe en crise, frontières, tous ces mots… Et les gens ensuite me disant « fais attention quand tu rentres tu vois ce qui se passe en Europe maintenant, ça va plus être pareil ».

Non ce n’est plus pareil parce qu’on est tous concernés. Nous sommes tous responsables quand un enfant de 3 ans meurt dans la Méditerranée ou quand 70 personnes perdent leur vie suffoqués dans un camion.

Je suis rentrée en France et je me suis dit « Alors qu’est-ce que tu vas faire Olga ? Comment tu peux les aider ? Quelle sera ta contribution ? Le bénévolat! Soutenir les associations qui protègent les droits de l’Homme. Je suis au bon endroit, Paris !

Octobre, mon idée ne me laisse pas tranquille. Quand on a vécu l’immigration on s’identifie, on a de l’empathie parce qu’on comprend. Je dois agir comme tant de gens ! On me parle du mémoire, de trouver un sujet, un terrain. Une idée me vient à l’esprit. Et si je les combinais  ? Le bénévolat  et le mémoire ? J’ai aussi mes expériences de l’année dernière en tant que stagiaire pour une classe d’UPE2A et  également en tant que stagiaire il y a trois ans pour le CASNAV de Strasbourg. Toujours un public d’immigrés et de réfugiés.

Je fais des recherches sur Internet, je trouve le site de La Cimade. Je lis et puis je les contacte. Le 15 novembre je fais connaissance aux 6 apprenants qui suivront mes cours. Leur pays d’origine : Afghanistan,  Syrie, Somalie et Tibet. Leur âge varie : de 20 – 65 ans.

Hommes et femmes, mariés et célibataires, scolarisés et analphabètes. L’hétérogénéité est fortement présente. Mais six apprenants ne suffisent pas pour réaliser de recherches.

Association Aurore. Image prise dans Google Images.
Logo de l’association Aurore. Image prise dans Google Images.

Je contacte l’association Aurore. 19/01 j’ai ma première rencontre. Seulement des hommes. Venus récemment en France de l’Afghanistan, du Pakistan et du Soudan. Ils sont une dizaine.

Les langues présentes dans les deux classes sont l’arabe littéraire et dialectal (du Soudan et de la Syrie), le somalien, le dari (Afghanistan) et l’anglais pour certains qui ont des bases. Mon public est un public d’adultes débutants. Certains n’ont même pas choisi la France comme destination mais y sont restés parce qu’ils n’avaient pas un autre choix.

Prochaine étape maintenant pour eux l’intégration. Et l’intégration passe par la langue car sans la langue nous nous sentons handicapés et nous rencontrons beaucoup de difficultés de communication. Il suffit de voyager dans un pays avec un système alphabétique différent de celui qu’on connaît pour se mettre  à la place de ces gens.

Comment alors enseigner le FLE pour ce public ? En passant par leurs langues, maternelles ou simplement l’anglais. C’est l’approche que j’utilise. Je mets l’accent sur l’oral, les différences et similitudes linguistiques et les universaux m’aident. Le défi est double tant pour moi en tant qu’enseignante tant pour eux qui s’étonnent en voyant la méthode que j’utilise.

Comment éviter de construire une Tour de Babel et comment éviter une guerre des langues ? Car oui cela n’est pas facile. Le malentendu existe dans ce contexte hétéroglotte. Quels seront les résultats et les réactions de cet apprentissage ?

Le lien affectif qu’on porte avec nos langues maternelles sera dans ce cas un appui sur l’apprentissage des bases du français ou au contraire  va-t-il créer des confus ?

Tout est en train de se construire, étape par étape car même le voyage le plus lointain et le plus long commence par une étape !

Site de la Cimade: http://www.lacimade.org/

Site de l’Aurore: http://aurore.asso.fr/

Bibliographie:

*-Bloch S. Magana,  Pennac D.,  Saturno C.,  2015, Eux c’est nous, Les éditeurs jeunesse avec les réfugiés

Quelques références bibliographiques auxquelles je m’appuierai pour ma recherche:

  • Archibald J. et Chiss J-L. (dir.)2007 , Le français langue seconde : apprentissage d’une langue en continuum. In « La langue et l’intégration des immigrants », Paris, L’Harmattan, Collection Logiques sociales (pp 271-284)
  • Brohy, H.,  2002,  Raconte moi tes langues… Les biographies langagières en tant qu’outils d’enseignement et de recherche. In VALS-ASLA, 76, 183-193.
  • Castellotti V. , 2001 , La langue maternelle en classe de langue étrangère, Paris, CLE International
  • Coste, 2000,  dans Castellotti V., De plus d’une langue à d’autres encore. Penser les compétences plurilingues?
  • Dabène L. , 1987, Langue maternelle, langues étrangères, quelques réflexions ,dans Les langues modernes,  dans le n. 1/1987 des Langues Modernes : « Traduire, langue maternelle, langue étrangère ».
  • Dummett M., 2011,On Immigration and Refugees , London, Routledge
  • Gloaguen-Vernet N., 2009, Enseigner le français aux migrants, Hachette FLE
  • Heller M. , 2007, Bilingualism a social approach Basingstoke New York N.Y. , Palgrave Macmillan
  • Noyau C., Porquier R., 1984, Communiquer dans la langue de l’autre, Presses universitaires de Vincennes

 

Olga Kourntidou

Titulaire d'une Licence de Russe délivrée par l'Université de Strasbourg, je suis actuellement étudiante en M2 Didactique du FLE/FLS et langues du monde à l'Université de Paris 3- Sorbonne Nouvelle.

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